Responsable du sport haut-niveau et du sport féminin au sein de la Française des Jeux, Frédérique Quentin nous présente les résultats du dernier baromètre FDJ sur le sport au féminin, à découvrir ici. Si 84% des femmes déclarent pratiquer une activité sportive, on constate encore quelques différences marquantes avec les hommes. Avec son programme Sport pour Elles, FDJ a pour ambition de donner un élan à cette pratique féminine, à tous les niveaux. Frédérique Quentin, elle-même ancienne athlète de haut-niveau, nous explique comment.
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°8 d’avril-mai-juin 2018.
Sur la même thématique, découvrez également l’étude Kantar TNS réalisée pour FDJ sur le sport au féminin en 2018.
• Quel est l’état de la pratique sportive féminine en France ?
Les femmes déclarent pratiquer à 84%. Ce ratio est assez proche de celui des hommes (89%). Mais on se rend compte qu’elles pratiquent de manière moins intensive. Elles font du sport «quand elles ont le temps». Elles adaptent leur pratique à leur rythme de vie et le sport est au final une variable d’ajustement dans l’agenda. Il faut donc favoriser, par exemple, la pratique sur le lieu de travail. Autre frein identifié : la peur du regard des autres. C’est paradoxal car avec le sport, on vient chercher du bien-être. Il faut donc travailler l’image du sport pour les femmes et les sources de motivation : faire du sport entre copines, par exemple.
• FDJ a lancé en 2016 le programme Sport Pour Elles, qui vise précisément à faire évoluer les mentalités. Pourquoi et comment est né ce programme ?
FDJ est présidée depuis fin 2014 par une femme, Stéphane Pallez, qui a fait de la mixité une priorité dès son arrivée dans l’entreprise. La part des femmes managers est aujourd’hui quasiment proportionnelle à la part globale des femmes au sein du Groupe FDJ. À son arrivée, elle a immédiatement fait le parallèle entre ce que peuvent vivre les femmes dans l’entreprise et dans le monde du sport. Elle a créé une commission sur le sport féminin constituée de plusieurs personnalités. Cette commission a donné naissance un an plus tard au programme Sport pour Elles.
• Quelles sont les actions menées par FDJ dans le cadre de Sport Pour Elles ?
Ce programme s’articule autour de quatre piliers : agir sur le terrain pour favoriser la pratique de toutes, soutenir le haut-niveau, mobiliser pour faire évoluer les mentalités, médiatiser pour donner envie.
Sur le premier pilier, l’objectif est de faire venir ou revenir vers le sport des populations qui en sont exclues, notamment des jeunes filles. Nous menons des actions de terrain via notre partenariat avec l’association Sport dans la ville, dans le cadre du programme Sport pour toutes qui vise à l’insertion et l’émancipation par le sport : cette année, 1.300 jeunes filles issues de quartiers «politique de la ville» (QPV) bénéficieront de ce programme. Nous soutenons également plusieurs associations sur tout le territoire via un appel à projets réalisé en partenariat avec la plateforme de financement participatif Sponsorise.me. Pour promouvoir la pratique, nous activons aussi nos partenariats avec le sport professionnel comme la LFP (Ligue de Foot professionnelle) qui avec l’opération Buts pour Elles alimente une « cagnotte » pour financer la féminisation du foot. Buts pour Elles 2018, c’est 25.500€ collectés lors de la 29e journée de Ligue 1 et Ligue 2, pour financer des projets de terrain ! Nous avons aussi un partenariat avec l’association Femix’Sports qui développe un programme de service civique au sein des fédérations sportives pour faciliter la mise en œuvre d’actions pour la féminisation et la mixité des pratiques.
« La plus grande marge de progression sur le nombre de médailles olympiques passe par les femmes et les disciplines mixtes ! »
Sur la thématique du haut-niveau, notre investissement le plus visible concerne l’équipe cycliste féminine FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Mais FDJ, qui est le premier financeur du sport français, soutient également quelque 165 sportives de haut-niveau dans le cadre de son programme Challenge lancé en 1991. Nouveauté cette année : nous lançons un appel à projets vers les fédérations Olympiques et Paralympiques. L’horizon, c’est Paris 2024 et ce programme est baptisé Performance pour Elles. Je suis convaincue que la plus grande marge de progression sur le nombre de médailles olympiques passe par les femmes et les disciplines mixtes !
Pour faire évoluer les mentalités, nous œuvrons aux côtés du CNOSF sur la thématique de la formation des dirigeantes sportives ou auprès de l’association Paris Pionnière sur le programme de start-up Les Sprinteuses, qui aide de jeunes entrepreneures dans l’univers du sport. Nous mobilisons et suscitons également la réflexion et le débat via des événements tels que les «Débats du sport solidaire». Peut-être faut-il aller encore plus loin pour soutenir la place des femmes dans les instances sportives. Des dispositions législatives existent avec des quotas, il faut les faire respecter !
Le volet médiatisation est fondamental pour donner de la puissance à toutes ces actions, mais également pour contribuer à faire émerger des figures de sportives qui réussissent. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons choisi Sarah Ourahmoune comme ambassadrice, parfait exemple de réussite en tant que sportive et chef d’entreprise. Nous produisons également des portraits via notre chaîne Youtube, avec la websérie Championnes, en partenariat avec l’INSEP. Nous soutenons aussi la presse spécialisée, dont votre média Women Sports.
• Vous avez évoqué le rôle majeur de votre président Stéphane Pallez dans l’impulsion de ce programme. Vous l’incarnez également vous-même, en tant qu’ancienne sportive de haut-niveau…
C’est vrai qu’après ma carrière sportive (ndlr : Frédérique Quentin, Olympienne en 1996, recordwoman de France, fut cinq fois championne de France du 1.500 m entre 1992 et 1998), j’ai eu envie de créer un événement sportif pour les femmes. J’ai fondé l’association Odyssea, dont je suis toujours présidente, qui organise depuis 2002 des courses à pied solidaires pour financer la lutte contre le cancer du sein. J’ai frappé à la porte de FDJ… et je ne suis jamais ressortie ! La Fondation FDJ a soutenu l’association et m’a engagée pour diriger le déploiement de ses programmes haut-niveau, handicap et solidarité. Et depuis 2016, au sein de la Française des Jeux, je suis responsable des programmes sport de haut-niveau et sport féminin. J’ai donc eu la chance de porter le programme Sport pour Elles depuis sa création. Et croyez-moi, si l’on en juge au nombre de sollicitations dont nous sommes l’objet, FDJ est clairement identifiée aujourd’hui comme un partenaire majeur du sport au féminin !