Au guidon de sa grosse cylindrée, Behnaz Shafiie, une jeune Iranienne de 27 ans, essaie de faire avancer les droits des femmes dans son pays. Sur une piste à l’entrée de Parand, au Nord de Téhéran, elle s’entraîne avec Javad Zanjani, spécialiste du motocross depuis 35 ans. Sa réussite? L’obtention, il y a 6 mois, de l’autorisation pour les femmes de faire de la moto sur piste et de participer à des compétitions.
« J’avais 15 ans quand j’ai vu pour la première fois une femme circuler à moto dans un petit village du côté de Zanjan (au Nord du pays, ndlr). J’ai été surprise et je lui ai demandé si les femmes avaient le droit de faire de la moto, elle m’a alors montré comment faire et j’ai aimé ça », raconte Behnaz Shafiie, une passionnée de moto. Depuis quelques mois, la jeune femme peut pratiquer du deux roues sur circuit ou sur piste et même organiser des compétitions de motocross. L’Iranienne a réalisé son rêve. Lorsqu’elle est sur la moto, elle prend soin de ne pas laisser apparaître ses cheveux sous son gros casque, ce qui peut provoquer les critiques des garçons qui admirent le spectacle.
Sa passion est devenue réalité quand elle a acheté sa moto à l’âge de 22 ans. Depuis 3 ans, elle a décidé d’en faire son métier et devient le symbole du combat des femmes en Iran. Très courageuse, elle surmonte les contraintes et affronte publiquement les obstacles pour faire avancer la représentation, dans son pays, des femmes dans le sport. Depuis quelques mois, elle peut s’entraîner sur une piste « réservée aux femmes » située à une trentaine de kilomètres au Nord de Téhéran. Elle qui s’est entraînée « pendant deux ans, le soir derrière la maison en s’habillant en garçon », affirme t-elle. Mais pour certains hommes, cela n’est pas possible, sa « place est devant la machine à laver ou à la cuisine ».
Son prochain objectif ? Rouler avec sa moto en ville
Elle ne veut pas s’arrêter à cette première étape, la motarde veut que les femmes soient autorisées à conduire une moto en ville. La législation interdit aux femmes la délivrance du permis moto. Forte de son succès avec la nouvelle piste pour les femmes, elle veut faire bouger les choses, « entre 40 et 50 femmes sont venues pour s’initier », confirme Javad Zanjani, l’entraîneur de Behnaz Shafiie. Elle veut capitaliser sur cette réussite pour changer les esprits dans ce pays très fermé et rendre possible le permis moto aux femmes.
Pour elle, ce premier pas avec la création des pistes, montre que les Iraniennes peuvent « faire reculer les restrictions » politiques et sociales et même faire avancer le droit des femmes dans la société et dans certaines disciplines sportives.
NP avec AFP