Aux JO de Rio, une petite révolution pourrait avoir lieu avec l’équipe Britannique. Deux athlètes transgenres pourraient concourir en athlétisme chez les femmes. Leurs noms ne sont pas révélés en dehors de leur délégation, pour les protéger. C’est un grand pas dans l’histoire olympique.
Début 2016, le Comité International Olympique (CIO) a modifié les règles du jeu pour les athlètes transgenres, leurs ouvrant les portes des grandes compétitions jusqu’ici difficilement accessibles. Par le passé, pour participer aux compétitions olympiques, les athlètes devaient avoir obligatoirement subi une opération de changement de sexe et deux ans de traitement hormonal.
Aujourd’hui une opération de réassignation n’est plus obligatoire. Les athlètes féminines qui souhaitent devenir un homme pourront participer sans restriction aux différentes épreuves. Tandis que les athlètes masculins ayant débuté une transition en tant que femmes devront montrer que leur taux de testostérone est en dessous du seuil légal depuis au moins un an avant leur première compétition pour être à armes égales avec les autres participantes. Une révolution dans le sport.
Evolution vs Mentalité: Faire face au regard des autres
Selon la fédération anglaise, les deux athlètes nées hommes ont déjà concouru comme femmes en championnat européen, mais souhaitent garder l’anonymat de crainte des répercussions médiatiques et d’être ridiculisées. Comme ce fut le cas pour la joueuse de tennis Renée Richards née Richard Raskind, en 1977, qui fut la seule athlète à avoir participé dans sa vie un match de simple messieurs, un double messieurs, un simple dames et un double dames. Richards qui a opéré son changement de sexe à la quarantaine et fut pointée 20e du classement WTA est devenue une bête de foire pour les médias et détestée de ses concurrentes qui n’hésitaient pas à porter des t-shirt « Je suis une vraie femme » pendant les matchs.
@smrtgrls I train & compete in Women's Mixed Martial Arts professionally. Because *BAM* it's awesome!!! #LikeAGirl pic.twitter.com/h5Y6wOU9Pc
— Fallon Fox (@FallonFox) 16 février 2015
Des critiques auquelles doit faire face régulièrement Fallon Fox, combattante d’arts martiaux mixtes (MMA) et première transgenre de la discipline. Opérée en 2006, elle trouve rapidement une passion pour les arts martiaux. Après deux premières compétitions victorieuses, elle fait un coming-out qui va créer un tollé auprès de ses concurrentes. En effet, sa transformation ayant eu lieu après sa puberté, ses concurrentes considèrent que Fox est avantagée par son ossature et sa musculature masculine. Acceptée par les dirigeants de la discipline, elle doit faire face à chacun de ses combats aux retours négatifs de ses adversaires qui ont la défaite mauvaise, et utilise régulièrement les réseaux sociaux pour se défendre. Si ces athlètes subissent des critiques verbales, ils craignent en particulier les attaques physiques de la part de personnes extérieur qui désapprouvent leurs choix. « Je ne pense pas que les autres athlétes aient à se soucier de leur sécurité, mais quand je cours dans certains endroits je n’arrête pas de m’inquiéter pour ma sécurité. Ça me frustre de savoir que dans certains endroits les personnes transgenres ou transsexuelles risquent leurs vies tous les jours » avouait début juin, le duathlète Chris Mosier.
Des modèles pour la jeunesse
Breaking Boundaries: Trans body included in @espn‘s Bodies We Want 2016 https://t.co/vzc9McTF37 #bodyissue pic.twitter.com/nmiTU09KQj
— The Chris Mosier (@TheChrisMosier) 6 juillet 2016
S’ils doivent faire face aux critiques de leurs adversaires ces sportifs ouvertement transgenres restent des modèles et ouvrent les portes de l’égalité dans le sport. Si d’anciens athlètes ont fait la une des médias après avoir commencé une transition, comme Caitlyn (Bruce) Jenner, certains sportifs toujours en compétition sont de vrais modèles pour les jeunes athlètes comme Chris Mosier. En juin 2016, Mosier a créé le buzz en devenant à 35 ans le premier athlète transgenre à participer au Body Issue pour le populaire Magazine américain ESPN, où les athlètes de tous horizons posent nus pour montrer la beauté et la différence du corps des athlètes. Ce triathlète née femme, membre de l’équipe Américaine de duathlon est devenu un véritable modèle pour les plus jeunes et la communauté transgenre dans le sport dont il est devenu un des porte parole. « Modifier cette règle va avoir un impact international. Cela signifie que des jeunes gens passionnés de sport dès le plus jeune âge, n’auront pas à se soucier de leur identité en tant que personne ou sportif pour participer à ces sports. C’est un changement positif. Même si nous ne verrons pas d’Olympien ouvertement transgenre cette année, à l’avenir je pense que cela changera. Les plus jeunes n’auront plus à avoir peur et n’auront plus à se cacher » expliquait Mosier pour son interview à ESPN.
Boom!! Made 2nd US National Team. In North Carolina. This smile is for you @PatMcCroryNC. pic.twitter.com/0ONQN5IGsa
— The Chris Mosier (@TheChrisMosier) 14 mai 2016
Schuyler Bailar fait partie de cette nouvelle génération. Le jeune homme de 20 ans est devenu le premier nageur ouvertement transgenre dans la 1ère division de la NCAA (Association Nationale des Sportifs d’université), mais aussi le premier à être intégré dans l’équipe de natation masculine de la prestigieuse université d’Harvard. Après avoir été recruté pour sa première année d’université, dans l’équipe féminine, le nageur a finalement pu être admis dans l’équipe masculine après avoir commencé sa transition. Un changement d’équipe mais aussi de niveau que le jeune homme ressent « Des fois je me dis si j’avais fait cette course chez les filles j’aurais gagné. Mais j’ai pris la bonne décision, je me sens moi-même. C’est sûr que c’est agréable de gagner et je travaillais dur pour ça. Mais maintenant je travaille autant pour la 15e place. Et je vais continuer à travailler pour m’améliorer » explique Bailar à CBS. Ce changement de règles permet ainsi de faire tomber une première barrière pour les sportifs transgenres et transsexuels. Le premier pas d’une longue route pour faire changer les mentalités dans le sport.
Camille Journet