À seulement 21 ans, Lisa Barbelin est la nouvelle star du tir à l’arc français. Elle a vécu une année 2021 exceptionnelle avec un titre de championne d’Europe et une participation aux Jeux Olympiques de Tokyo. Élue meilleure archère française de 2021, la Mosellane a plus d’une corde à son arc. En plus de sa carrière sportive, la pensionnaire des « Archers riomois » suit des études de chimie à la Sorbonne et est membre de l’armée des champions. Mais c’est bien la compétition qui l’anime, avec une obsession : Paris 2024. PAR KÉVIN CARRIERE. Extrait du WOMEN SPORTS N°24.
VOUS N’AVEZ QUE 21 ANS MAIS ÊTES DÉJÀ CHAMPIONNE D’EUROPE… C’EST VOTRE PLUS GRAND EXPLOIT ?
Pour l’instant, oui. L’année 2021 a été folle. Il y a eu beaucoup de très belles choses, avec notamment le titre de championne d’Europe. Je suis arrivée en tant que favorite et j’ai tenu mon rang. J’ai aussi eu l’honneur d’être classée numéro 1 mondiale. Cela n’a pas duré longtemps mais c’est très important pour moi. À la fin de la saison, j’ai terminé 4ème mondiale.
COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU VOS PREMIERS JO OÙ VOUS AVEZ ÉTÉ ÉLIMINÉE EN 8èmes ?
C’était dingue du début à la fin. Je me suis laissée avoir par de petites erreurs de jeunesse pour mes premiers Jeux Olympiques. J’avais fait un 32ème et un 16ème de finale monstrueux… puis j’ai fait la bêtise de regarder mon téléphone. Tout le monde me disait : « Tu vas y arriver, tu vas gagner les JO. » Je suis sortie de ma bulle et j’ai été éliminée en 8èmes de finale. J’ai énormément appris sur ces Jeux Olympiques.
APRÈS LA DÉCEPTION DES JEUX VOUS AVEZ TERMINÉ L’ANNÉE AUX CHAMPIONNATS DU MONDE À YANKTON, C’ÉTAIT COMMENT ?
En 2021, j’étais la « Reine de l’Europe » mais au niveau mondial, j’ai ressenti un complexe d’infériorité. Notamment face à la Corée du Sud, qui est la meilleure nation du monde en tir à l’arc. Quand je suis tombée contre une Coréenne en quart de finale, je me suis fait avoir par ce qui était écrit dans son dos (sa nationalité, NDLR). Puis ça s’est fini en beauté avec une médaille de bronze par équipe, c’était fou. Cela faisait si longtemps qu’une équipe française n’avait pas ramené de médailles (il s’agit du premier podium de l’équipe de France féminine de tir à l’arc depuis 1987, NDLR).
2022 A DÉMARRÉ FORT POUR VOUS AVEC UN RECORD DE FRANCE EN SALLE AVEC UN SCORE DE 593. C’EST UN GROS SCORE ?
593/600, c’est vraiment pas mal. Cela faisait quelques années que j’attendais de battre ce record (qui était de 592, NDLR) et c’est tombé un jour où j’étais en pleine possession de mes moyens. Ce qui est vraiment intéressant avec le tir à l’arc en salle, c’est la notion de perfection où un 10 est une « flèche normale » alors qu’un 9 est une « erreur ». L’extérieur est différent. L’adaptation prime avec les conditions climatiques qui changent souvent.
C’EST LOIN, MAIS PENSEZ-VOUS DÉJÀ À PARIS 2024 ?
Dans ma chambre, j’ai un drapeau de la France, un compte à rebours qui me sépare des Jeux de Paris 2024 et le fond d’écran de mon ordinateur représente le terrain des Invalides (lieu où se disputera l’épreuve du tir à l’arc, NDLR). Donc c’est clairement un rêve au quotidien.
VOUS SUIVEZ ÉGALEMENT EN PARALLÈLE DE VOTRE CARRIÈRE D’ARCHÈRE DES ÉTUDES DE CHIMIE À LA SORBONNE. ARRIVEZ- VOUS À CONCILIER LES DEUX ?
Le plus difficile a lieu lors des compétitions. Il faut tout le temps rattraper. Mais on y arrive grâce à l’aide d’autres étudiants qu’on connaît à peine. On a parfois un sentiment d’imposteur parce que les professeurs sont très conciliants et sûrement plus avec nous qu’avec d’autres.
FAIRE AUTRE CHOSE QUE DU TIR À L’ARC, CELA VOUS FAIT DU BIEN ?
Oui beaucoup d’autres choses. J’ai ce besoin de m’instruire, de m’aérer la tête pour avoir un équilibre. Je fais égale- ment du piano, une passion qui vient de mon papa. Dans la vie, je suis une pile électrique donc ça me permet de me calmer un peu.
VOUS ÊTES ÉGALEMENT SPORTIVE DE HAUT NIVEAU DE LA DÉFENSE GENDARMERIE. CELA CORRESPOND À QUOI ?
Je fais partie de ce que l’on appelle l’« armée de champions ». J’ai une sorte de contrat d’image avec le ministère de l’Intérieur. Il s’agit d’une aide financière qui permet de faire notre sport tranquillement. Avec la gendarmerie, je participe à des séminaires où on échange nos expériences et j’ai également fait des stages d’acclimatation avec l’armée.
Interview Lisa « L’un ou l’autre »
Une médaille de bronze aux JO ou une médaille d’or aux championnats du monde ?
Médaille d’or aux championnats du monde
Gagner par équipe ou en individuel ?
Impossible de choisir
Être championne olympique ou être diplômée ?
Championne olympique (rires)
Arc classique ou arc à poulies ?
Arc classique
1h de chimie ou 1h de tir à l’arc?
1h de tir à l’arc
Vous êtes bonne ou mauvaise perdante ?
Mauvaise perdante (rires)
Avant une compétition pour se concentrer vous écoutez de la musique ou rien du tout ?
Musique
Et du coup votre chanson préférée ?
C’est compliqué mais je dirais We are the champions de Queen
Vous êtes plutôt R&B ou classique ?
Classique j’adore
Pizza ou hamburger ?
Pizza
Avatar ou a star is born ?
A star is born
Breaking bad ou Casa de Papel ?
La Casa de Papel
Gâteau au chocolat ou chips ?
Gâteau au chocolat
Un mot sur Audrey
Vous êtes licenciée au club des Archers riomois, tout comme Audrey Adiceom, pouvez-vous nous parler d’elle ?
« Avec Audrey, je pense que l’on se connait depuis 6-7 ans. Je suis rentrée en pôle à Nancy pendant qu’elle y était en 2015 et depuis on ne s’est jamais quittées. Je suis venue dans son club aux Archers riomois et c’est ma meilleure amie. On s’entraîne tout le temps ensemble, on évolue ensemble, on s’encourage tout le temps. C’est une personne merveilleuse et on rêve de participer aux JO ensemble. »