Tess Ledeux cartonne ! À 20 ans, la skieuse acrobatique française compte notamment deux médailles d’or en championnat du monde et une breloque d’argent décrochée aux Jeux Olympiques d’hiver de 2022 (Pékin). Alors, quel est son secret pour briller sur la scène internationale ? Comment se passent les entraînements durant l’été ? Tess Ledeux nous dit tout ! PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°25.
COMMENT SE PASSENT LES ENTRAÎNEMENTS EN HIVER ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on a très peu d’entraînements en hiver. La saison est courte (d’octobre à mars), ce qui fait qu’on enchaîne les compétitions. C’est très condensé. On s’entraîne seulement sur le snowpark de la compétition, un ou deux jours avant les épreuves.
À CONTRARIO, EN ÉTÉ, COMMENT SONT COMPOSÉS VOS ENTRAÎNEMENTS ?
Pour ma part, la saison est coupée en plusieurs parties. D’abord de mai à juillet, période à laquelle je fais énormément de préparation physique. C’est très complet : on travaille la musculation, on fait du vélo, on perfectionne l’explosivité et surtout de la gymnastique pour travailler l’acrobatie. Ce sont trois mois de physique pur.
En août, je travaille la technique sur des pistes artificielles avec des airbags, de gros ballons gonflés d’air sur lesquels on peut s’entraîner sur les acrobaties et les figures, avant de les mettre en pratique sur la neige. En parallèle, on fait toujours de la préparation physique. À la fin du mois d’août et en septembre, on reprend les skis. Malheureusement en France il n’y a pas de structures, alors on va s’entraîner sur des glaciers en Autriche (10 heures de route), ou en Suisse. On ne s’entraîne jamais dans notre pays. Ce n’est pas pratique, car à partir d’août et jusqu’en avril, on n’est jamais chez nous, mais ça fait partie du jeu. C’est une belle expérience, on ne va pas se plaindre de voyager !
PAS TROP DUR DE RETOURNER SUR LES SKIS APRÈS TOUTES CES SEMAINES DE PAUSE ?
C’est toujours un peu délicat ! Il faut relativiser, il n’y a que trois mois durant lesquels je ne vois pas la neige. Ça me permet de couper un peu et de profiter de la chaleur ! Mais forcément, les skis me manquent vite. Mine de rien, on perd beaucoup en trois mois. Il faut jusqu’à trois semaines pour retrouver ses sensations, se sentir de nouveau à l’aise sur nos skis. Je dirais qu’il faut attendre décembre pour retrouver la confiance, et ne plus avoir peur.
La peur fait partie intégrante de notre entraînement. Mais j’estime qu’il y en a plusieurs sortes. Il y a la peur qui nous tétanise, qui nous empêche de progresser, ou la petite qui peur bénéfique. C’est celle qui est en nous avant chaque départ, qui nous canalise et nous empêche de faire n’importe quoi. La peur, il faut savoir la doser.
FAITES-VOUS DU SPORT (FITNESS) À LA MAISON ?
De mai à août, on s’entraîne dans un centre à Albertville dans lequel il y a beau- coup de salles de musculation à disposi- tion, des kinés, nos entraîneurs physiques etc. C’est génial et très complet. Mais à la maison, je travaille plutôt les étirements, la respiration etc.
J’ai toujours fait de la mobilité pour la souplesse. Mais aujourd’hui, on le fait sous forme un peu plus poussée avec le yoga. Personnellement, je vais sur un site inter- net pour suivre des séances. J’en choisis des plus ou moins calmes selon ma jour- née. Je fais peu de yoga dynamique, car je bouge assez à côté, mais je mise sur la respiration et la relaxation, soit le matin avant de commencer ma journée, soit le soir avant de me coucher.
Retour sur les Jeux Olympiques 2022
Vous avez été médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Pékin, racontez-nous !
C’était un moment très intense et fort en émotion, qui venait clôturer une journée juste parfaite. J’étais très émue. Je pense que c’était tout le stress qui redescendait. Sur le coup, je me suis dit que c’était fou, que je réalisais un rêve de petite fille. J’ai pensé à toutes les années de travail qui m’avaient amenée là, et à ce que je venais d’accomplir.
Vous êtes devenue la ‘chouchou’ des Français, et avez été au coeur de l’actualité… Comment avez-vous vécu l’après- Jeux ?
J’ai été très bien entourée, heureusement pour moi. J’ai été protégée, pour ne pas avoir l’impression de rentrer dans une spirale médiatique. À Pékin, nous étions coupés du monde, alors j’ai répondu aux médias après avoir reçu ma médaille. Mais quand je suis rentrée en France, tout est retombé. On a dû faire les bons choix, prendre les bonnes décisions, et j’ai pu profiter. Ce sont des moments magiques.