Le début de carrière de Marine Szostak, 19 ans, joueuse de tennis professionnelle, licenciée au Tennis Club de Pierrelatte (Drôme), a été contrarié par la crise de la Covid-19. Malgré tout, elle a bénéficié de nombreux soutiens lui permettant de se rapprocher de son objectif : intégrer le Top 100 de la WTA. PAR ARIS DJENNADI / Tiré du magazine N°21.
Marine a commencé le tennis très tôt, à l’âge de trois ans sous l’im- pulsion de son papa «qui a été professeur de tennis. C’est aussi mon entraîneur depuis le début.» Elle n’a jamais songé intégrer une académie ou partir vivre son rêve à l’étranger car « le projet familial me convient parfaitement, je me sens bien sur le court, je progresse, on constate en- core une belle marge de progression en- semble. » Cette jeune joueuse professionnelle s’entraîne deux fois par jour ce qui représente près de 25h par semaine sur le court. Même si la crise de la Covid-19 a réduit cette fréquence, Marine n’a jamais pensé arrêter. « C’est vrai que j’ai dû travailler sans objectif à court terme puisque je ne jouais pas de matchs. Mais la motivation ne m’a pas lâchée », explique-t-elle.
WOMEN SPORTS : VOUS AVEZ DÉCIDÉ APRÈS L’OBTENTION DE VOTRE BAC SCIENTIFIQUE DE PRENDRE DEUX ANNÉES DE CÉSURE POUR INTÉGRER LE TOP 100 WTA, ENTRE TEMPS, IL Y A EU LA CRISE DU CORONAVIRUS. CETTE PÉRIODE N’A-T-ELLE PAS ÉTÉ TROP COMPLIQUÉE ? COMMENT L’AVEZ- VOUS GÉRÉE ?
MARINE SZOSTAK : Après l’obtention de mon Bac je m’étais laissée deux ans sans études pour me consacrer à fond sur mon projet tennis. Le but était de jouer un maximum de tournois professionnels, de jouer le plus possible dans le top 200 et 100 mondial. Avec la Covid, les plans ont été modifiés puisqu’il s’est écoulé une année sans jouer de matchs sur le circuit professionnel. C’est vrai que ça tombe mal. Durant les mois précédents l’arrêt total dû à la crise sanitaire, j’étais très performante avec une dizaine de victoires dans le top 60 français, une victoire sur le Circuit National des Grands Tournois. Mais on a mis à profit cette situation de pause forcée. Nous avons effectué un travail profond, nous avons modifié des biomécaniques notamment au service (ce qui aurait été impossible en temps normal puisque j’ai habituellement un rythme de compétition régulier et élevé). Aujourd’hui, on remarque une nette amélioration sur tous les aspects que nous avons travaillés. J’ai sincèrement hâte de reprendre un rythme normal, de pouvoir enchaîner les matchs et de retrouver à fond la compétition !
LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE TENNIS VOUS A-T-ELLE AIDÉE ? DE QUELLE MANIÈRE ?
Durant cette période creuse, la Fédération française de tennis a organisé les Challenges Pro FFT. Il y a eu trois tournois. Ces tournois étaient destinés aux joueuses numérotées et classées -15, sur invitation. J’ai joué le Challenge Pro de Poitiers. Le but de ces tournois était de nous aider financièrement puisque chaque match était rémunéré. Cette échéance a eu un aspect très positif, il m’a permis de retrouver l’adrénaline, la bagarre, la grinta. Ce pourquoi je vibre en temps normal.
DANS UNE PÉRIODE DE PANDÉMIE MONDIALE OÙ LES TOURNOIS SONT ANNULÉS, LES SOURCES DE REVENUS SE SONT TARIES. VOUS AVEZ BÉNÉFICIÉ DE L’AIDE DE TROIS ÉTUDIANTS EN ÉCOLE DE COMMERCE. AU-DELÀ DE RÉCOLTER DES FONDS, QUEL EST LE BUT DE LA DÉMARCHE ?
En effet, trois étudiants, Bastien, Édouard et Léo, m’ont contactée concernant leur projet étudiant. C’était un projet de crowdfunding (financement participa- tif). Nous avons récolté 3 000 € ce qui va me permettre de participer à trois tournois supplémentaires sur le circuit professionnel durant ma saison. Ça a été un réel coup de pouce au niveau de la communication, ils m’ont également créé un compte Instagram. Évidemment ce projet a été bénéfique pour moi financièrement mais j’étais contente de m’investir avec eux car j’ai trouvé ce projet très intéressant : c’était pour eux une manière concrète d’aider des sportifs et j’ai trouvé ça très cool.
AUJOURD’HUI, CONCRÈTEMENT, PARTICIPER À UN TOURNOI VOUS REVIENT À COMBIEN ? DÉCRIVEZ- NOUS LE MODÈLE ÉCONOMIQUE AVEC QUELQUES CHIFFRES PRÉCIS QUI PUISSENT ÉCLAIRER UNE JEUNE FILLE QUI ASPIRERAIT À SUIVRE VOTRE PARCOURS.
Une semaine de tournoi coûte environ 1 000 €. Bien évidemment, cela dépend de la destination. Nous dépensons en moyenne 350 € pour le déplacement et l’hébergement, 300 € pour les repas. Il faut aussi prendre en compte les frais d’inscription et les extras supplémentaires.
VOUS AVEZ UN DEUXIÈME OBJECTIF, VOUS QUALIFIER POUR LES JO 2024 À PARIS. COMMENT SE PASSENT LES QUALIFICATIONS ET QU’EST-CE QUE CELA REPRÉSENTE ?
Cette année, je suis rentrée dans le groupe Élite. Les joueuses de tennis qui participeront aux JO 2024 à Paris feront quoi qu’il en soit partie du top 10 français et seront sélectionnées pas la FFT. On ne peut pas viser un objectif fort sportivement sans penser à la participation aux Jeux Olympiques.
UN DERNIER MOT À DIRE POUR VOTRE FAMILLE OU LES DIFFÉRENTES PERSONNES QUI VOUS ACCOMPAGNENT AU QUOTIDIEN ?
J’ai un cercle restreint. La vie de sportive est une vie remplie, demandant un investissement fort et quotidien. J’apporte beaucoup d’importance à mon équilibre dans ma vie personnelle. J’ai besoin d’énergies positives, besoin de profiter de moments simples en extra tennis, be- soin de déconnecter, pour pouvoir faire le job à 1 000 % sur le terrain. La période de Covid-19 m’a d’ailleurs permis de passer plus de temps avec ma maman, mon frère et ma sœur, et c’est un aspect positif de cette crise que l’on ne peut négliger. Le soutien de mon cercle, tant familial qu’amical, est fort et sincère et, ils le savent, je leur en suis très reconnaissante.