Emmanuelle Bescheron faisait partie des six – extraordinaires – rameuses à avoir relié le Pérou et Tahiti en prône paddle board dans le cadre de l’expédition Cap Optimist, de janvier à mars 2023. En 80 jours, ces wonderwomen ont bouclé 8000 kilomètres à la rame, avec pour seul but de terminer le défi pour l’association Hope Team East, engagée en faveur de la lutte contre le cancer. Une expérience incomparable sur laquelle revient Emmanuelle. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°29.
WOMEN SPORTS : COMMENT S’EST PASSÉE VOTRE TRAVERSÉE ?
EMMANUELLE BESCHERON : Nous sommes arrivées, donc c’est forcément qu’elle s’est bien passée ! (rires) On a eu des hauts, des bas. Le premier mois a été difficile physiquement. Il fallait que le corps s’habitue aux changements de rythme, puisqu’on effectuait des relais d’une heure chacune – on retournait donc à l’eau toutes les cinq heures, de jour comme de nuit. Notre cycle de sommeil était saccadé.
Le deuxième mois a lui été très long. On commençait à ressentir le manque de la famille. Parmi les rameuses, nous sommes trois mamans et la séparation commençait à être difficile.
Le dernier mois, il a fallu se réadapter à un rythme, pour des raisons de sécurité. On ne devait plus ramer pendant les cou- chers et levers de soleils, dès lors qu’on approchait les eaux polynésiennes. La vie à bord n’est pas non plus quelque chose d’anodin. Vivre trois mois à onze sur un bateau, humainement c’est un challenge. Avec la fatigue nerveuse qui s’est accumulée, c’était plus dur pour chacun de gérer cette vie un peu particulière. L’objectif qu’on avait en commun pour les enfants nous a aidés à rester concentrés.
En 80 jours, on a eu beaucoup de péripéties, comme un moteur qui a lâché. La route était encore longue alors for- cément, ça a causé un peu de stress. Nous avons également perdu la planche à deux reprises, lors de changements de nuit…
Nous avons aussi fait des rencontres avec des animaux marins, particulièrement la première semaine au départ du Pérou, où des lions de mers rugissaient derrière nous… c’était impressionnant !
Il y a eu aussi de très belles anecdotes. On a par exemple eu la chance de voir de magnifiques lunes rousses. Des mo- ments magiques d’osmose avec la na- ture.
RACONTEZ-NOUS L’ARRIVÉE !
C’était très intense. On savait qu’on al- lait avoir des surprises, mais on ne voulait pas s’imaginer plus de détails. Des dizaines de pirogues sont venues nous rejoindre. Et puis au bout de cette ligne d’arrivée, il y avait nos familles, nos enfants. Ma fille avait à peine 9 mois quand je suis partie, là, elle va avoir un an. C’est un petit bébé qui ne comprend pas trop ce qu’il se passe. On se retrouve petit à petit en douceur. C’était important pour nous de savoir que nos familles nous at- tendraient à l’arrivée. C’est avant tout un projet familial. Les papas ont aussi fait des sacrifices pour nous. Ils nous ont soutenues tout au long de l’aventure. C’était primordial d’avoir leur approbation et leur soutien.
L’expédition Cap-Optimist en bref
✔ Défi sportif inédit : rallier Lima (Pérou), à Moorea (Polynésie française) à la rame en prône paddle board, qui entre aujourd’hui au Guinness World Records.
✔ 8000 kilomètres en 80 jours (Route du Kon- Tiki), 4 heures de rame par personne chaque jour, soit un effort équivalent à environ un marathon quotidien.
✔ 6 femmes athlètes de haut niveau, toutes titrées en sauvetage côtier : Stéphanie Barneix, Alexandra Lux, Emmanuelle Bescheron, Itziar Abascal, Marie Goyeneche et Margot Calvet.
✔ Une expédition sportive, jamais réalisée, au bénéfice de l’association Hope Team East, dont le projet consiste à accompagner à travers le sport, les enfants en traitement ou post-traitement contre le cancer.