C’était le 2 avril dernier. Parmi les 45 000 participants une mamie se démarque pendant le marathon de Paris. Habituée des rues de la capitale, Barbara Humbert en est désormais la doyenne. Rencontre. PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°30.
Il n’y a pas d’âge pour courir. Et le meilleur exemple est peut-être Barbara Humbert. Du haut de ses 83 ans, l’originaire d’Eaubonne dans le Val-d’Oise, s’élançait le dimanche 2 avril dernier pour son énième marathon de Paris. L’octogénaire peine à cacher son trac au moment du départ, « c’est tojours un peu comme ça. Il y a toujours une certaine pression. Même si on se prépare bien on ne sait jamais comment le corps va réagir. » Une appréhension qui ne dure qu’un instant. Une fois partie plus personne ne l’arrêtera. Son secret de jouvence ? La mamie tarte, notamment aux cerises et aux figues, peine à nous le révéler. « Je me pose toujours des défis et je suis très active. Je cours pour le plaisir », nous avoue-t-elle.
Une passion dévoilée sur le tard
« J’ai commencé avec ma fille dans la Forôt de Montmorency. Elle revenait du lycée et préparait son bac. Elle m’a montré comment il fallait courir, comment respirer aussi. » Une véritable révélation pour la quarantenaire de l’époque, « j’ai adoré et je lui ai dit ‘tiens, faisons le tour du village tant qu’on y est’ ». Une passion qu’elle a gardée au fil des années, aussi pour s’évader, « je cours souvent en forêt. Je suis près de la nature, de la faune, de la flore… C’est mon petit plaisir. J’aime les arbres. J’aime les éléments ». Mais si vous croyez pouvoir la laisser dans vos rétroviseurs, détrompez-vous, Barbara Humbert est une championne. Et comme toute bonne championne elle se prépare en conséquence.
« J’AI FAIS DEUX FOIS LES 100 KM DE MILLAU, J’EN SUIS À 24 SEMIS, 150 COURSES EN TOUT. »
« Je mange tous les jours trois gousses d’ail fraîchement pressées »
Cela va peut-être vous « secouer ». Je mange tous les jours trois gousses d’ail fraîchement pressées. C’est excellent pour l’organisme. J’évite aussi le sucre, le gras et surtout l’alcool », assure-t-elle. Un verre de jus de citron plus tard elle est prête à enfiler ses baskets. Par semaine, Barbara court quatre à cinq fois, pour un total de 45 à 50 kilomètres. Qu’il vente ou qu’il pleuve, cette dernière est toujours dehors. « Mon mari me le reproche par- fois d’ailleurs (rires). » Jacques l’accompagne sur tous les marathons, « surtout en France. Mais quand je pars en forêt plus de trois heures il s’inquiète un peu », reconnaît l’Eaubonnaise.
Loin d’un coup d’essai New York, Athènes, Florence, Venise ou encore Helsinki. Les années passent et les marathons se suivent pour Barbara. Paris 2023 était son 15e dans la capitale. Son 56e au total. « J’ai fais deux fois les 100 km de Millau, j’en suis à 24 semis, 150 courses en tout et j’ai aussi tenté les 50km de marche rapide de l’Audax. » Les années ne semblent clairement pas peser sur elle. L’an passé, lors de Championnats de France des 24 Heures, la ma- mie de 83 ans a battu le record du monde des Masters 9 féminines (80-84 ans) en parcourant 125,271 km, « j’en étais telle- ment fière », reconnaît-elle modestement. Une préparation, une habitude, et aucune courbature. « Cette année, après le ma- rathon, je n’en ai ressenti aucune. Cela ne m’a même pas tiré derrière les cuisses quand je descendais les escaliers. C’était incroyable », définitivement un bon vin. Un bon agrume du moins.
Dimanche, 17h02 soit 6h21 après son départ, Barbara Humbert est proche de l’arrivée. Ses dernières foulées sont acclamées par le public. « J’étais contente. C’est toujours un plaisir de voir que notre corps réagit bien ».
Un dernier rendez-vous ?
Tous ces exploits ont un prix. L’octogénaire s’efforce de chausser ses baskets tous les jours. « Plus l’âge avance, plus je me dois d’être consciencieuse concernant l’entraînement. Je m’entraîne telle- ment que je n’ai le temps de rien faire d’autre presque ». La marathonienne reconnaît qu’elle devra lever le pied à l’avenir, « c’est la vie qui nous l’impose. » Mais pas question pour l’heure de ralentir le pas. Déjà inscrite pour le marathon de Dublin le 29 octobre 2023, Barbara rêve d’un dernier rendez-vous : le Marathon Pour Tous organisé pour les Jeux olympiques de Paris 2024. « Je vis pour cette course ! Ce serait mon 60e marathon et surement… mon dernier », lance-t-elle en y croyant à peine. Une façon, à 83, bien- tôt 84 ans, de boucler la boucle. Avec son mari Jacques ils fêteront leurs 60 ans de mariage cette année, et profiteront enfin de leur retraite pour « voyager » à travers le monde.