Marianna Gillespie excelle. L’apnéiste franco-russe de 32 ans est l’une des meilleures dans son domaine. Depuis 2021, Marianna enchaîne les records et les médailles. Retour sur certains d’entre eux en sa compagnie. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°27.
28 août 2021 : Elle devient la première française à dépasser les 100 m en monopalme poids constant
« J’ai eu deux plongées en compétitions, fin août 2021. J’étais vraiment stressée lors de ma première plongée où j’ai été jusqu’à 100 m, car il s’agit d’une barre très spéciale. Dans le monde, il y a, je dirais, 12 à 14 femmes qui peuvent plonger à cette profondeur. Ce chiffre se réduit à 4 ou 5 femmes capables de plonger au-delà des 100 m. C’est une énorme différence. Et pour être très franche, j’étais paradoxalement plus stressée de plonger à 100 m, qu’à 102 m, barre du record pour une Française. Début décembre de la même année, je suis même allée jusqu’à 103 m de profondeur. »
Mondial AIDA, octobre 2021 : deux médailles d’or, un record !
« C’est une fierté personnelle. Avant moi, personne n’a gagné deux médailles d’or lors d’un même Championnat du monde. C’était fou ! J’ai été sacrée co-championne du monde en effectuant une descente à -92 m en poids constant bi-palmes, et championne du monde en poids constant monopalme (-98 m). Lors de ces championnats, j’ai également remporté le bronze en immersion libre (-81 m) et l’argent en poids constant sans palmes (-57 m). »
Toujours en 2021, Marianna a également remporté deux médailles (argent et bronze) lors du Mondial CMAS.
Août 2022 : record d’apnée en poids constant bi- palmes (97 m)
« C’était le premier jour du championnat du monde (AIDA) à Roatan (Honduras), puisque le bi-palmes est la première épreuve. Alors, évidemment, quand c’est le premier jour, c’est toujours plus stressant, il faut le temps d’entrer dans la compétition. Autant dire que j’ai eu du mal à prendre le petit déjeuner le matin, tellement le niveau de stress était haut. D’autant plus que les conditions n’étaient sur le papier, pas idéales pour moi. C’était en Bretagne, l’eau était vraiment chaude (29° en surface). On peut penser que c’est plus facile de plonger dans une eau chaude, mais ce n’est pas mon cas. Je m’entraîne en Grèce depuis 2 ans, où l’eau est bien plus froide. Et suivant la profondeur, elle change de température, ce qui est plus simple pour savoir où on se trouve.
Le jour du record, lorsque j’ai commencé, toutes mes peurs ont disparu. Ce fut une plongée magnifique, je dirais même facile. Je me suis sentie très bien, j’ai eu cette sensation que je pouvais ajouter quelques mètres. Et quand j’ai terminé, j’étais seule– ment excitée. C’était mon rêve de faire un record du monde. Mais le revers de la médaille a été assez brutal. Lorsque nos rêves deviennent réalité, on est un peu perdu. J’ai dû reprendre mes esprits. Le fait qu’une autre épreuve m’attendait m’a aidée, et j’ai vite compris que ce record n’était finalement pas la fin du monde. Je pouvais continuer de pousser mes limites pour aller en chercher d’autres ! »