En l’espace de quelques années, Karoline est devenue une coache sportive parmi les plus populaires sur YouTube et Instagram. Pourtant, rien de la prédestinait à un tel parcours. Quelle est son histoire ? Comment a-t-elle fait de sa passion une profession ? Nous lui avons directement posé la question.
Propos recueillis par Djelina Ndiaye
Karoline, 26 ans, Personal trainer, blogueuse, YouTubeuse, passionnée de fitness et adepte du « Body Wellness ».
@Karoline.ro : 33 300 abonnés sur Instagram, 83 560 sur YouTube
Quel a été le déclic pour te lancer dans le coaching sportif ?
Il s’agit en réalité d’une reconversion. Après un BAC ES, je me suis dirigée vers le domaine de l’esthétique, et plus particulièrement des centres minceurs. Moi-même avant en surpoids, cela me tenait à cœur d’aider et conseiller mes clients au mieux afin qu’ils retrouvent ou obtiennent le corps qui leur corresponde. Mais avec le temps, je me suis rendue compte que ma façon de les aider était trop superficielle à mon goût, le fond du problème était soit le manque de confiance, soit l’absence de pratique sportive, ou encore l’alimentation. Il était donc devenu une évidence pour moi d’allier ma passion et l’envie d’encadrer mes clients au mieux.
En quoi consiste ton métier exactement ?
Je fais du coaching privé à domicile, ainsi qu’à distance (le « e-coaching ») à travers des programmes personnalisé et adaptés à chaque profil. Mes réseaux et notamment YouTube prennent également à présent une grande place dans mon planning hebdomadaire.
Comment es-tu parvenue à te faire une place sur les réseaux sociaux ?
C’est une question que mes abonnés me demandent très régulièrement, mais à vrai dire je ne sais jamais quoi répondre. J’ai avant tout souhaité transmettre de vrais conseils, à la fois accessibles et professionnels. Peu importe le nombre d’abonnés, je reste également extrêmement présente pour eux. Je réponds à chaque commentaire, chaque question, interagis avec eux. Je souhaite avant tout créer une belle communauté.
Comment t’es venue l’idée de créer ta propre entreprise ?
Mon ancien travail ne me convenait plus, j’étouffais. J’avais beaucoup d’envies, de projets, mais mes horaires de travail et mes ambitions étaient totalement incompatibles ! Puis il faut dire que j’ai eu un gros coup de pouce : l’enseigne pour laquelle je travaillais ne se portait réellement pas bien. C’était pour moi le moment de partir et débuter la grande aventure !
Quels ont été les plus gros challenges que tu aies rencontrés lors de cette étape ?
La reprise des études. Quand l’on est dans la vie active depuis plus de 6 ans, il n’est pas facile de se rassoir devant un cahier et bucher à nouveau à la maison le soir. Il y a eu également un bon stress financier. Devenir son propre patron, c’est à double tranchant : soit les choses fonctionnent et l’entreprise perce, soit c’est un gros flop et dans ce cas-là on peut perdre beaucoup. Dans mon cas, il y a eu beaucoup de remises en question régulières, mais je dois dire que pour l’instant (et je touche du bois) tout se déroule à merveille ! Vivre de sa passion est un aboutissement personnel énorme.
Est-ce difficile de jongler entre sa vie privée et sa vie professionnelle lorsque l’on est à son compte et un personnage public ?
Plutôt oui ! J’ai constamment envie de donner plus, et de rester disponible. Résultat, je n’arrive jamais à décrocher. Entre mes coachings et mes réseaux, je fais du 7j/7, 16h/24. Et quand arrive le soir ou le weekend, il est très compliqué de se dire « là, tu es sensée avoir fini ta journée, lâche ton PC et ton téléphone, accorde toi du temps pour toi et ta moitié ! ». Cela peut créer des conflits, mais avec le temps, j’apprends à gérer ça de mieux en mieux, et je me dis que non, on ne me considèrera pas comme prétentieuse ou inaccessible si je ne réponds que le lendemain matin.
Quelle est la différence entre être coach dans le réel et dans le virtuel ?
Du point de vue de mes e-coaching, je dirais qu’il faut être d’autant plus prévenante qu’en coaching physique, attentive et anticiper les mauvaises surprises. Quand l’on n’a pas la personne en face de soi avec la possibilité de la corriger immédiatement, il est impératif de se mettre dans la peau d’un débutant et imaginer tout ce que la personne pourrait rencontrer comme difficulté de parcours, positionnement… afin que chez elle, elle avance au mieux avec de réelles directives professionnelles.
Vis à vis des réseaux, c’est totalement différent. On ne peut pas faire de cas par cas, il faut donc que les conseils soient à la fois accessibles à tous, précis, sans pour autant être barbants, et en apportant le fun et le plaisir.
Quel est le pourcentage des coaching onlines et réels ?
Les réseaux m’ont apporté beaucoup, et donc beaucoup de travail également. J’ai donc conserver ma clientèle en coaching privé que je suis depuis plusieurs mois ou années, mais ne prend pour ainsi dire plus de nouveaux clients. Je fais en sorte que cela donne un 60% de coaching privé, 40% de coaching en ligne.
A combien s’élève ton chiffre d’affaires ou ton salaire en moyenne ?
Cela varie complètement sur les mois. Disons que même d’un point de vue financier, j’ai réellement bien fait de créer mon entreprise… mon salaire a doublé par rapport à mon ancienne vie. Mais je travaille aussi beaucoup plus !
Sur quel modèle économique fonctionnent tes réseaux sociaux ? Est-ce que tu investis pour gagner des abonnés ?
Je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai jamais non. Pour moi, l’affection et la confiance des gens ne s’achètent pas. Un compte « financé » se démarque très vite, il suffit de regarder si les abonnés commentent, et échangent. Si vous avez 2 commentaires pour 11000 abonnés par exemple, on peut se poser la question.
Pour toi quels sont les autres gros acteurs stars du marché ? As-tu des références françaises et mondiales ?
Mes principales sources de motivation sont étrangères, car en France ce marché est encore compliqué et restreint. Si je devais vous citer quelques noms : Alexia Clark , « Toneitup », Michelle Lewin ou encore Sophia Thiel, sont de belles inspirations pour moi et de belles histoires.
As-tu déjà fait face à des préjugés ou des discriminations de genre, dans le sport et ton métier en particulier ?
Pour l’instant, j’avoue être très chanceuse, car je n’ai eu pour ainsi dire jamais de remarques et retours négatifs. Cela viendra un jour, ça fait partie du jeu !
Quelles solutions pourraient-être apportées selon toi, pour mettre davantage en avant les femmes dans le sport ?
Je pense que le gros progrès à faire avant tout est de supprimer l’idée reçue de la femme trop douce et trop fragile qui n’a rien à faire dans un monde d’homme « brutal et musclé ». Une femme peut transpirer, soulever des poids, et faire du biceps curl tout en étant féminine et glamour. On imagine encore le cliché du garçon à la musculation, et la femme devant un cours de zumba. Les réseaux ont réellement commencé à démocratiser tout ça, mais la femme reste encore moins crédible. Un exemple assez concret : les magazines de musculation pour hommes, on ne les compte plus. Ceux pour femmes sont dirigés running, cuisine, ou fitness doux à la maison.
Je pense par contre également, et surtout vis-à-vis des adolescentes, qu’il faut faire attention à ces réseaux qui ont tendances à affiner la barrière entre le fitness et la mise en image perpétuelle de son corps.
La femme a énormément à apporter dans le domaine, c’est déjà le cas dans beaucoup de pays étrangers tels que les États-Unis ou l’Australie, et je pense qu’avec le temps ça avancera jusqu’à nos frontières !
Quels seraient tes conseils pour motiver les femmes qui voudraient créer leur propre entreprise comme toi ?
Je ne vais pas dire de foncer tête baissée. Car avoir une telle ambition, ça se travaille. Je pense qu’il faut étudier son projet, peser le pour et le contre, faire face aux éventuelles possibilités bonnes ou mauvaises, et ne pas être rétissante à travailler énormément. Par contre, quand on fait les choses bien, la satisfaction est gigantesque et n’a pas de prix.