En mars 2017, Marie Riou se lançait un nouveau challenge : embarquer sur la Volvo Ocean Race, la plus grande course de voile au large en équipage et avec escales. Un sacré pari pour la Bretonne de 36 ans qui, bien qu’expérimentée (4 titres de championne du monde en voile olympique), n’avait jamais passé la moindre nuit en mer jusqu’alors. Quinze mois plus tard, la voilà « Cap-Hornière » et vainqueure de la compétition à bord de Dongfeng Race Team. Une première pour une femme. Retour sur un coup d’essai gagnant.
PAR FLORIANE CANTORO
Lundi 2 juillet, après neuf mois passés à sillonner les mers du monde entier, Marie Riou était de retour en terres bretonnes. La navigatrice de 36 ans a été accueillie en véritable héroïne à Brest : élus locaux, représentants de la Fédération française de voile (FFV), membres du Pôle France, amis et proches… tous s’étaient réunis pour fêter le succès de la championne qui vient d’écrire une nouvelle ligne à son palmarès (et pas des moindres !) : vainqueure de la Volvo Ocean Race. C’est le 24 juin dernier à La Haye, aux Pays-Bas, qu’elle a remporté ce tour du monde de l’extrême, réalisé en équipage et avec escales, à bord du bateau chinois Dongfeng Race Team.
Pourtant, lorsqu’on lui a proposé de faire la course à la fin de l’année 2016, elle n’avait pas la moindre expérience en course au large. C’est la déception des Jeux de Rio, terminés en 6e position avec son coéquipier Billy Besson en Nacra 17, qui lui a donné envie de changer d’air. Elle y a vu une opportunité de « revenir grandie ». Après quelques essais en mer, elle embarque dans l’équipage Dongfeng Race Team skippé par le Français Charles Caudrelier et s’installe à Lorient pour la préparation. De mars à octobre 2017, elle découvre un tout nouvel univers. Elle doit se faire à ce nouveau bateau (un monocoque de 20 mètres de long). Elle passe ses toutes premières nuits en mer et apprend à vivre à bord avec un équipage.
« Je ne suis pas allée au bout de mes limites mais pas loin ! »
La veille de la toute première étape de la course, Marie Riou était encore partagée entre excitation et appréhension. « Même si je me sens de plus en plus à l’aise sur le bateau, une étape de 25 jours en mer, ça reste l’inconnu pour moi ! », nous confiait-elle en octobre dernier depuis Alicante, en Espagne, d’où a été donné le top départ de cette compétition longue de 8 mois et 11 étapes.

Un hiver, un printemps et 45.000 miles nautiques plus tard (soit 85.000 km), Marie Riou dresse un bilan positif de sa première participation à la Volvo Ocean Race. « Je suis hyper contente d’être partie sur cette aventure. C’est un truc à faire dans une vie. » Et, comme le cerveau est bien fait, il ne garde en mémoire que les bons souvenirs. Pourtant, il y aura eu des moments difficiles pendant la compétition, notamment la découverte des mers du Sud lors de cette fameuse étape entre Cape Town et Melbourne : un froid glacial, un vent permanent et des manoeuvres 24h/24 et ce 14 jours durant… Des conditions qui l’avaient conduite à faire un break sur l’étape suivante entre Melbourne et Hong-Kong [ndlr, elle avait été remplacée par la Suissesse Justine Mettraux, de même que sur l’étape Cardiff-Göteborg]. « Je ne suis pas allée au bout de mes limites mais pas loin ! De toute façon, tu n’as pas le choix : quant tu embarques sur le bateau, il n’y a pas moyen de débarquer. » « Même si c’était dur, elle n’a jamais baissé les bras. Elle a été très courageuse », loue le skipper Charles Caudrelier.
Une victoire d’équipe
Nerveusement, il aura fallu être accroché pour vivre cette longue compétition. D’autant que, cette année, la victoire s’est jouée sur la 11e et dernière étape entre Göteborg et La Haye. Avant cet ultime affrontement, trois bateaux de la flotte pouvaient encore prétendre au titre : Dongfeng, MAFPRE skippé par l’Espagnol Xabi Fernandez et Team Brunel de Bouwe Bekking.
Finalement, c’est Dongfeng que l’a emporté faisant de Marie Riou l’une des deux premières femmes à remporter la Volvo Ocean Race depuis sa création en 1973, avec la Néerlandaise Carolijn Brouwer, l’autre femme du team. Mais la Bretonne ne retient pas vraiment cette statistique : « ce n’est pas le fait d’être une femme qui m’importe, mais de l’avoir gagnée en équipe ». Malgré tout, elle apprécie l’ouverture de la compétition aux navigatrices sur cette 13e édition, conséquence d’un changement de réglementation initié par l’ancien patron de la course, Mark Turner, qui visait à favoriser les équipages mixtes (9 marins à bords contre seulement 7 pour les équipages exclusivement masculins). De fait, tous les bateaux de la flotte avaient fait le choix d’embarquer des femmes dans leurs rangs cette année. « J’espère que les prochaines éditions vont continuer dans ce sens-là et que d’autres femmes pourront soulever ce trophée ».

Cap sur Tokyo 2020
Pour Marie Riou, les vacances auront été de courte durée. C’est déjà l’heure de se remettre au travail. La quadruple championne du monde de Nacra 17 revient à ses premiers amours : la voile olympique. Avec Billy Besson, ils ont décidé de reformer leur duo en vue des Jeux de Tokyo 2020. Son programme de l’été : découverte du bateau désormais équipé de foils, entraînements et première confrontation avec les concurrents au Japon en septembre.
Malgré tout, Marie Riou ne ferme pas complètement la porte aux courses au large. « Une Volvo Ocean Race, je ne pense pas que je la referai. Mais pourquoi pas une traversée de l’Atlantique, une Transat Jacques-Vabre ou une Route du Rhum si j’en ai l’opportunité ! ». Autrement dit, on peut encore s’attendre à quelques belles lignes sur le CV de la Bretonne !
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