À 35 ans, Sarah Bovy a su s’imposer dans le monde compétitif du sport automobile. Originaire de Belgique, elle est aujourd’hui l’une des figures incontournables de l’équipe Iron Dames, un programme qui ouvre la voie à une nouvelle génération de femmes dans le sport. Pourtant, son parcours pour arriver à ce stade n’a pas été un long fleuve tranquille. Entretien. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS n°34.
« J’ai touché au karting pour la première fois quand j’avais 12 ans. J’ai toujours eu le rêve de faire de ma passion un métier » confie Sarah Bovy. La jeune femme n’a pas grandi sur les circuits automobiles. Son père, lui-même ancien pilote, n’a même jamais poussé ses filles dans cette direction. C’est par pur hasard que Sarah découvre le karting. Mais ce jour-là, une étincelle s’allume. « Je me rappelle d’être rentrée à la maison et d’avoir dit à mon père, ‘voilà papa, moi, maintenant, je veux être pilote de course. Je ne veux plus rien faire d’autre. » Et cela s’est transformé en véritable obsession. À partir de ce moment précis, Sarah oriente tous ses choix vers un seul but : vivre de sa passion pour le sport automobile.
Sarah Bovy a eu la chance d’être entourée par une famille qui croyait fermement en elle. « Mes parents m’ont toujours dit que je pouvais faire ce que je voulais dans la vie, que tout était possible » se souvient-elle. Elle n’a jamais senti de regards déplacés en raison de préjugés. « Ou du moins, si j’en ai croisé dans ma carrière, j’ai eu tendance à les ignorer, admet-elle. Je sais que je suis un cas plutôt chanceux ». Elle insiste d’ailleurs sur le fait que son objectif n’a jamais été de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit en tant que femme. « Je ne vois pas les hommes du sport automobile comme des ennemis, mais juste comme d’autres compétiteurs. »
Un jour tout bascule
L’histoire de Sarah Bovy prend un tournant décisif après le Covid-19, quand une opportunité inespérée se présente. « J’ai vu passer un ‘post’ qui annonçait qu’une des pilotes que les Iron Dames avaient recrutées pour la saison 2021, ne ferait finalement pas la saison avec elles », raconte Sarah. Ni une ni deux, Sarah écoute son instinct et envoie un message sur le site internet de l’équipe. Un petit geste qui va changer sa vie. « Le soir même, mon téléphone sonne. Rahel Frey (pilote de l’équipe, ndlr.) me dit : ‘on a bien reçu ton mail. Effectivement, on cherche une pilote’. » En moins d’une semaine, Sarah passe de l’incertitude à une place dans l’une des équipes les plus en vue du sport automobile. « Je savais que c’était l’opportunité de ma vie » continue-t-elle.
Et c’est peu de le dire. Intégrer l’équipe Iron Dames a tout bouleversé. « Ça a changé ma vie, je ne les ai plus quittées. » En quelques mois, elle passe de simple passionnée à pilote sur les grilles de départ des courses qu’elle suivait autrefois en tant que spectatrice. « Du jour au lendemain, je me suis retrouvée à piloter contre des personnes à qui je demandais des selfies » (rires). Au sein des Iron Dames, Sarah a trouvé plus qu’une équipe, elle a trouvé une mission. Le projet, initié par Déborah Mayer, vise à montrer que les femmes peuvent exceller à haut niveau, et ce, dans tous les domaines.
Le graal : les 24 Heures du Mans
Sarah Bovy a accumulé des souvenirs inoubliables. Le plus marquant ? Parti- ciper aux 24 Heures du Mans. « C’était absolument impensable six mois avant » confie-t-elle, encore stupéfaite par cette expérience.
Mais ce n’est pas le seul moment fort de sa carrière. Gagner les 24 Heures de Spa dans sa catégorie en 2022 ou en- core décrocher sa première pole position en championnat du monde sont autant de moments qui l’ont marquée. « C’était aussi une fierté personnelle de réussir à le faire, » admet-elle avec émotion.
Si Sarah Bovy a accompli tant de choses, elle reste humble quant à son rôle de modèle. Elle se voit avant tout comme une pilote de course, mais elle est également consciente de l’impact qu’elle peut avoir sur les géné- rations futures. « Le projet des Iron Dames, c’est quand même d’inspirer les jeunes filles dans tous les domaines, » souligne-t-elle.
Pour elle, il ne s’agit pas seulement de motiver les jeunes femmes à entrer dans le sport automobile, mais aussi de les encourager à rêver grand, quelle que soit leur passion. « N’ayez pas peur de rêver grand, n’ayez pas peur d’avoir des ambitions, n’ayez pas peur de travailler dur pour y arriver, » conseille-t-elle.
Sarah Bovy incarne la persévérance, le talent et l’inspiration. Elle a su s’imposer dans un milieu difficile, non pas en se voyant comme une exception, mais en se concentrant sur ce qu’elle aime faire : piloter. À travers son parcours, elle démontre que, peu importe le genre, la passion et la détermination peuvent ouvrir les portes de tous les rêves, même les plus fous. « On n’est pas là pour rendre le sport automobile à 50-50 féminin-masculin. On est là juste pour montrer que c’est possible, » conclut-elle. Sarah Bovy est bien plus qu’une pilote, elle est une pionnière qui, au volant de sa voiture, trace la route pour toutes celles et ceux qui rêvent de repousser les limites.
ZOOM SUR LA WEC
La FIA World Endurance Championship (WEC) est le championnat de sport automobile international le plus prestigieux, réputé pour son mélange unique de technologie de pointe et de compétitions intenses. Ce championnat, qui regroupe les meilleurs pilotes du monde, se déroule sur huit épreuves à travers l’Europe, l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et le Moyen- Orient, avec des courses variant de 6 à 24 heures. La course emblématique des 24 Heures du Mans, le quatrième round du WEC, est particulièrement célèbre et considérée comme la course reine, attirant des légendes du sport automobile telles que But- ton, Schumacher et Rossi. En 2024, les Iron Dames ont marqué l’histoire en remportant leur première victoire contre des équipes masculines. Le WEC continue d’offrir une visibilité mondiale aux équipes et aux fabricants, mêlant action palpitante et innovation technologique dans chaque course.
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