Dans le monde du judo, tout le monde connaît David Douillet et Teddy Riner, mais le grand public connaît moins Clarisse Agbegnenou, pourtant championne aussi méritoire et au palmarès aussi impressionnant que ses deux collègues masculins. Désormais nommée en tant que porte-drapeaux de la France aux Jeux Olympiques de Tokyo en compagnie du gymnaste Samir Aït Saïd et fixée vers l’objectif de remporter l’or olympique, le seul titre qui manque à son palmarès, Clarisse Agbegnenou devrait voir sa cote de popularité monter en flèche cet été.
La vie de Clarisse n’a pourtant pas toujours été facile, et notamment ses premiers mois sur Terre. En effet, elle est née prématurément, deux mois avant la date prévue, en compagnie de son frère jumeau. Elle survivra quatre semaines en couveuse avant d’être opérée suite à un problème de rein. Après cette opération et dans un état très précaire, elle tombera dans un coma dont personne ne savait si elle allait sortir. Elle ne se réveillera que 7 jours plus tard. C’est peut-être ce premier combat, menée seule et alors qu’elle n’était qu’un bébé mais remporté de main de maître, qui a fourni à Clarisse Agbegnenou la force qu’elle exerce aujourd’hui dans ses combats de judoka.
Elle suivra ensuite une carrière sportive classique qui la conduira très rapidement à l’INSEP, l’école formatrice de tous les champions français. A 21 ans, elle remportera son premier championnat d’Europe, puis son premier championnat du Monde l’année suivante, en 2014, dans la catégorie où elle s’imposera ensuite comme la reine incontestée, les moins de 63 kilos.
Depuis, Clarisse Agbegnenou a enchaîné les titres pour désormais être la judoka française la plus titrée de l’histoire avec pas moins de 5 titres de championne du Monde, dont le dernier en 2021, et 5 titres de championne d’Europe. Seule sa défaite en finale des Jeux de Rio en 2016, face à la Slovène Tina Trstenjak, l’empêche pour le moment d’être considérée comme la meilleure au monde. Mais elle compte bien remédier à cela lors des prochains Jeux de Tokyo où de nombreux regards seront tournés vers elle.
En effet, alors que la délégation française arrive au Japon à pas de souris et avec des objectifs assez humbles, le grand rendez-vous étant dans 3 ans pour Paris 2024, Clarisse Agbegnenou est, elle, attendue au tournant comme peut-être la meilleure chance de médaille d’or française, tous sports confondus, avec Teddy Riner également. La France est en effet loin d’être favorite pour bien figurer au tableau des médailles. Comme chaque année, ce sont les Etats-Unis et leur terrible contingent d’athlète que les bookmakers voient rafler le plus de breloques en or. Mais les USA ne sont pas un pays de judo, et Clarisse ne devra donc pas se rater et savoir résister à la pression et à son statut de favorite pour ramener cette médaille à la France car les occasions d’entendre la Marseillaise seront rares à Tokyo.
Si jamais elle parvenait à s’imposer, elle deviendrait alors une coqueluche du sport féminin et du sport français en général, et devrait une nouvelle fois être nommée comme Championne des Championnes de L’Equipe après ses précédentes récompenses en 2018 et 2019.

Mais Clarisse Agbegnenou n’est pas qu’une figure sportive, car elle est aussi engagée dans plusieurs autres combats publics. Elle est notamment la marraine de l’association SOS Préma, qui vient en aide aux enfants prématurés, où elle parle de son expérience et montre tout ce qu’on peut accomplir même après une naissance difficile. Elle a également été marraine de Sport Féminin Toujours, en 2019, une opération ayant pour but d’aider à la reconnaissance du sport féminin en France, aussi bien en termes de médiatisation qu’en termes d’écart de salaires.
Encore très récemment, lors du 8 Mars dernier, la Journée internationale des droits des femmes, elle faisait partie des « 109 Mariannes » représentées sur le parvis du Panthéon, preuve de son influence grandissante dans le milieu public français. Aussi engagée auprès de Paris 2024, d’Octobre Rose, de la jeunesse ou de l’agriculture, Clarisse Agbegnenou met à profit son statut croissant de personnalité reconnue pour venir en aide à de nombreuses causes justes et belles.
Combattante dès ses premières heures puis combattante sur les tatamis, Clarisse Agbegnenou est aussi une combattante sociale. Il ne lui reste plus qu’à gagner un dernier combat, celui des Jeux Olympiques, pour faire d’elle une véritable icône, et alors tout le monde connaitra le nom d’Agbegnenou aussi bien que celui de Riner.