En mars dernier, la Française des Jeux et la Fédération Française de Cyclisme ont lancé un appel à projets en faveur du développement du cyclisme féminin. Sur plus d’une trentaine de candidatures, FDJ et la FFC ont décidé d’en récompenser et d’en soutenir huit, dont la Team Stamina et le Grenoble Métropole Cyclisme 38. Découvrons ces deux projets.
« Faire en sorte que les filles ne se sentent plus isolées. » C’est tout l’objectif de ces deux clubs, et ce prix va leur permettre de voir les choses en plus grand. « Ce qui fait plaisir, c’est de voir qu’on est dans le juste. C’est de constater que la Fédération et FDJ nous donnent raison, valident ce qu’on fait », explique Jean Ponard à l’origine de la session féminine au Grenoble Métropole Cyclisme 38. « Le cyclisme féminin est délaissé, mais pourtant il est tellement important, demandé. Beaucoup de filles sont prêtes à s’engager. » Et son club en est la preuve. C’est en 2012 que tout a commencé, alors qu’il démarre une session «sport santé» pour les femmes atteintes de cancer. « C’était très bénéfique pour elles, tant au niveau psychologique que physique. Mais un jour, j’ai décidé qu’il fallait faire le lien entre le sport santé et le sport loisir. Que les femmes se disent je ne suis plus malade, je suis dans la vraie vie comme tout le monde et j’ai le droit pratiquer le cyclisme pour me faire plaisir. » Pourtant, lorsque Jean Ponard a annoncé aux filles de sa session qu’il souhaitait monter une équipe féminine loisir en septembre dernier, la réaction de ses cyclistes n’a pas été celle qu’il attendait. « Au début, elles étaient un peu réticentes. Elles souhaitaient vraiment courir avec des femmes qui avaient le même parcours qu’elles, alors que justement le but était vraiment qu’elles sortent de ce cercle de la maladie, et qu’elles prennent du plaisir ». Et depuis, cette session est un véritable succès. « On ne se rend pas compte, mais toutes les mamans et les copines d’hommes cyclistes qui attendent sur le bord des routes et qui sont seules le week-end alors que leurs maris ou leurs enfants sont en compétition, elles n’attendent que ça ! Elles n’osent juste pas faire la démarche d’elles-mêmes, mais dès qu’on leur propose de pratiquer, elles sont partantes. »
« Les femmes n’osent pas passer le cap »
Ce constat est le même que celui de Mathilde Bacquet, à l’origine de la Team Stamina. Au départ, elle a monté sa propre équipe de 4-5 personnes avec « une bande de copines ». La Team Stamina compte aujourd’hui une quinzaine de pratiquantes. «Nous, notre but c’est vraiment de faire en sorte que les femmes cyclistes ne soient plus isolées.» Et c’est l’expérience de Mathilde Bacquet qui parle. À 23 ans, la jeune femme, issue d’une famille fan de cyclotourisme, a très rapidement souhaité se mettre à la compétition. Mais dans cette discipline, elle s’est vite retrouvée la seule fille au milieu d’hommes. « Le problème, c’est que filles et garçons ne participent pas aux mêmes compétitions, et du coup je devais effectuer les trajets seule. Et faire 5 heures de voiture toute seule à chaque fois, ça m’a un peu découragée. » Mais aujourd’hui, ce temps est révolu, et le Prix décerné par la FFC et FDJ va, elle l’espère, pouvoir l’aider. «Notre principal atout, c’est aussi ce dont on a le plus besoin, c’est la visibilité. Trop de femmes ne savent pas et n’osent pas passer le cap. »
D’ailleurs, Jean Ponard voit déjà de son côté les effets positifs de ces sections féminines. « Notre but n’est pas du tout de faire de la compétition. Mais c’est tellement un succès que même des hommes viennent nous demander ‘pourquoi vous ne feriez pas une équipe loisir masculine sans compétition ?’», s’en amuse-t-il.
L’année dernière, la Fédération Française de Cyclisme a recensé près de 12 000 licenciées (environ 10% de ses adhérents).
